C'était la première fois que je passais un examen. Je craignais de ne pas réussir. Mais finalement j'obtins ce droit de passage.
Pour la confession, c'était plus mystérieux. Le prêtre confesseur assis dans un petit réduit fermé, le confessionnal, nous parlait dans l'obscurité à travers une grille. Nous lui disions agenouillés, toutes les bêtises que nous avions faites. Pour ma part je me sentais coupable de tout ce qui touchait la sexualité. Et lorsque je lui avouait, après beaucoup d'hésitation, que je me tripotais, il paru très satisfait et me donna l'absolution avec une ou deux prières en guise de pénitence. Je sortis du confessionnal, soulagé et léger. J'étais content.

Arrivé à Thizy, je continuais à me rendre régulièrement au catéchisme. Il était enseigné me semble-t-il par un prêtre. Le curé de la paroisse de Thizy s'appelait "Le père Magnelou". L'une des deux années précédentes, en 1955 ou 1956 j'avais certainement fait ma première communion, celle qu'on appelait "communion privée". Mais cette année c'était plus sérieux puisqu'il s'agissait de la "communion solennelle". Pour accéder à ce passage obligé pour la majorité de mes camarades, il fallait passer un examen et se confesser, donc un examen de conscience.


On m'avais dit qu'avec le mariage, la communion solennelle était l'une des plus beau jours de la vie. Je voulais bien le croire. Surtout qu'à cette époque je désirai devenir prêtre.
Le années précédentes les communiants étaient habillés d'un costume avec en apparat un brassard blanc. Or en cette année 1957, il fut décidé que tous les communiants par souci d'égalité seraient revêtus d'une aube blanche qui serait prêtée par la paroisse.


Traditionnellement, chaque communiant recevait de la part de son parrain ou de sa marraine une montre. On attendais tous le moment où nous allions pouvoir arborer à notre poignet gauche ce magnifique cadeau. Mes parents étaient brouillés avec mon parrain et ma marraine, ma grand mère paternelle était morte. Aussi se furent mon grand-oncle et ma grande tante "La marraine" qui me l'offrirent. J'ouvris nerveusement la boîte contenant l'objet précieux. Oh ! quelle déception ! la montre n'était pas en or mais en acier inoxydable. " on n'a pas voulu l'acheter en or car c'est pour les filles" me lança mon oncle. Comment allais-je pouvoir montrer cette montre à mes camarades !
Le moment venu, aux vêpres, l'après-midi, après le repas, tous les communiants se regroupaient pour montrer avec fierté le bracelet montre plaqué or qui ornait joliment leur poignet. Sauf moi qui soulevait timidement la manche de mon aube recouvrant l'objet d'humiliation. Tous, se congratulaient, se félicitaient : "ah qu'elle est belle ta montre", "la tienne aussi"; sauf moi.
Au retour de la cérémonie, je ne fis aucun commentaire et restait très évasifs dans les réponses que je faisais à leurs nombreuses questions. Je ne voulais pas les gêner et les décevoir.
Néanmoins, cette montre m'accompagna pendant toute ma scolarité et au lycée, en terminale, le professeur de physique nous invita chacun notre tour à placer notre montre devant en conteur geyser afin de mesurer sa radioactivité. Chacune des particules émise par la montre était signalée par un bip sonore. Alors que la plupart du temps les bips étaient espacés, la mienne bâtit tous les records et produisit un crépitement continu.
Ma montre se distingue des autres en toute occasion !
Les particules radioactives étaient émises par les chiffres et les aiguilles enduits d'une couche de peinture au radium qui permettaient de lire l'heure dans l'obscurité.


Les montres de cette époque étaient mécaniques. Les montres à quartz n'existaient pas encore.
Les aiguillent tournaient grâce à une lame métallique enroulée sur elle-même qui faisait office de ressort. Pour que le déroulement de ce ressort ne soit pas continu mais saccadé suivant les secondes, un système appelé échappement à ancre le ralentissait et le saccadait. Le ressort se détendait en une journée environ. On devait retendre ce ressort (remonter la montre), chaque jour à l'aide du bouton situé sur le côté droit. Si non la montre s'arrêtait et on devait la remettre à l'heure en tirant et tournant ce même bouton.


La famille de chaque communiant lui offrait
un missel avec lequel il pouvait suivre en latin toutes les messes de l'année, un crucifix qu'il accrochait au dessus de son lit, un chapelet qui permettait de compter le nombre de prières dites.
En règle général, après la communion, nous n'utilisions pas ces cadeaux qui étaient relégués au fond d'un tiroir.
Seul mon crucifix était accroché pour un temps au mur de ma chambre avant de rejoindre les autres objets.


Quelqu'un m'offrit aussi un petit appareil à photos dont le format était plus petit que le format habituel.
Il fallait acheté une pellicule qui emmagasinait un nombre limité de photos, 12 en principe. On insérait cette pellicule dans la l'appareil en prenant soin qu'elle ne soit pas exposée à la lumière du jour. Lorsque toutes les photos était prises, on emmenait la pellicule chez le photographe qui la développait.